DEVONS NOUS TRAVERSER LE DESERT ?
Pour le congrès de Nancy, avec ce résultat, le Parti Socialiste est définitivement hors jeu. Olivier Faure a encore gagné, de peu, certes, mais gagné. Le PS va donc continuer son « pas de deux » avec LFI, alterné par quelques bouderies.
Il va falloir se préparer à une longue traversée du désert, comme Mitterrand a eu à le faire pendant 23 ans.
Le problème c’est que dans les partis et le nôtre en particulier, les « Mitterrand » ne sont toujours pas sortis du chapeau. Fini les grandes personnalités qui incarnent une doctrine portée par un récit audible et plein d’espérance.
Le monde a changé, un cycle se termine, la guerre n’est plus très loin. La fin des années 30 qu’ont connues nos parents ou grands-parents revient comme un fantôme. Apparemment les leçons à tirer de ce triste moment de notre Histoire contemporaine n’ont pas imprimé le cerveau sociétal.
Il est vrai que depuis des millénaires les sociétés fonctionnent de manière biologique : ascension, sommet en pallier puis déclin progressif.
Dans son fonctionnement biologique, le PS est au bout de son déclin. Ne prenons pas ça pour une catastrophe, mais comme une fatalité incontournable.
Notre erreur, à nous, Socio-démocrates, c’est de ne pas avoir anticipé et depuis le congrès d’Aubervilliers d’avoir encore pensé que la réforme passerait par la prise du pouvoir au PS…
Force est de constater que nous avons perdu 7 ans. Bon 7 ans c’est l’âge de raison, en tout cas espérons-le.
Bernard Cazeneuve, Raphaël Glucksmann ont compris la fin d’un PS sans idée, sans force, sans conviction… ils se sont donc organisés.
Raphaël Glucksmann dans une démarche néo-rocardienne a charpenté son discours sur l’Europe, sa défense et son avenir. En politique intérieure, pour l’instant peu de grandes innovations, mais le travail est là et il continue son chemin.
De son côté Bernard Cazeneuve, avec l’opiniâtreté que nous lui connaissons, tente de rebâtir un radicalisme de gauche, basé sur la stratégie mitterrandienne de la Convention des Institutions Républicaines, qui a réussi à rassembler de nombreux clubs de gauche. Avec ses ami(e)s il réalise un travail formidable. Reste à travailler l’innovation correspondant au monde du 21e siècle et d’écrire un récit populaire, ce qui est certainement le plus difficile.
Pendant ce temps nous, socio-démocrates du Parti Socialiste, réfutant tout accord avec LFI, qu’avons-nous fait ???
Nous nous retrouvons, épuisés par les congrès successifs, dans un parti agonisant d’une hémorragie de militants.
Devons-nous continuer à nous battre, et attendre le prochain congrès ? Ou devons nous sortir de cette spirale mortifère ?
Pour ma part, je nous dis… Sortons de cette spirale infernale !
Repensons la politique et inventons celle du 21e siècle.
Reprenons les sujets essentiels : l’éducation depuis la maternelle, l’écologie intelligente basée sur un nouveau modèle économique, la santé dans les territoires (urbains comme ruraux), le service national d’un nouveau genre, pour mettre en œuvre une sorte d’OTAN européen, repensons la sécurité nationale sans être dans le déni de la dure réalité, penchons nous sur les bons côtés de l’IA et des réseaux sociaux mais également sur leur danger pour la démocratie et notre République, réfléchissons sur le sens du travail dans son rôle économique mais aussi économique et social, imaginons une véritable réindustrialisassions du pays qui redonnera un peu de souveraineté à la France… la liste est bien longue pour être abordée dans son entier…
La maison du Socialisme Français est tombée en ruine, mais les fondamentaux sont là, oubliés ou inaudibles par manque de rénovation.
Il va nous falloir beaucoup de temps pour retrouver la confiance de nos concitoyens.
A l’heure actuelle, j’ai bien peur que le nuage noir de l’extrême droite recouvre le pays et une partie de l’Europe, voire l’Europe toute entière.
Mais dans l’Histoire de France c’est toujours après le chaos que les grandes personnalités apparaissent.
Ne perdons pas de temps, laissons les quelques héritiers finir les restes des bijoux de famille, pour terminer en 2027 avec un score qui ne peut pas être pire que celui de 2022.
Avec Raphaël Glucksmann, Bernard Cazeneuve, François Hollande, Nicolas Mayer, un homme a beaucoup travaillé sur des visions nouvelles pour le pays, mais bien seul. Stéphane Le Foll, homme d’Etat doit avoir toute sa place. C’est pour cela que dans la vision mitterrandienne je lui demande de former officiellement son club. Le résultat du congrès va laisser de la place et du temps à l’organisation.
Nous sommes beaucoup, à gauche, à souhaiter le rassemblement des idées.
L’heure est maintenant à la prise des vraies responsabilités,
L’heure est venue de sortir du bois,
L’heure est venue de montrer la poitrine à l’adversaire et de faire gagner notre idéal.
François, Bernard, Stéphane, Raphaël, Nicolas…, les uns sans les autres vous resterez au bord du quai. Vous serez alors les seuls responsables devant les orphelins de la social démocratie à la française que nous sommes.
Fédérez vos réflexions, vos idées, vos visions dans un grand manifeste issu d’assises nationales coorganisées.
C’est seulement, après cet effort collectif, que verra le jour de la naissance d’un nouveau grand parti de la gauche du 21e siècle.
À ce moment là, dans un récit audible et populaire, l’incarnation viendra toute seule. Alors, peut-être que , le désert qui est devant nous se transformera en bac à sable.
Philippe Dorthe