RÉFLEXION SUR LA LENTE AGONIE DE LA RÉPUBLIQUE.
Les colporteurs des remèdes miracles à l’efficacité rapide ne sont que menteurs et escrocs de la politique. L’état inquiétant de notre République est le résultat d’erreurs et de « laisser-faire » qui ont emprunté le temps long. L’immédiateté ne trouvera pas de réponse pérenne. Déconstruire a pris du temps, reconstruire sur un nouveau modèle en prendra encore plus.
Avant d’élaborer un projet crédible, la gauche sérieuse, celle de Jaurès qui en s’adressant aux jeunes a défini en une phrase la social-démocratie : « Aller vers l’idéal en tenant compte du réel », doit s’entendre sur le constat alarmant de décennies de mesures inappropriées.
Il serait illusoire de penser que les émeutes de ces derniers jours déclenchés par la mort du jeune homme de Nanterre, ainsi que le mouvement des gilets jaunes, soient la résultante d’une seule cause pouvant être différente en fonction des positionnements politiques de chacun.
La perte de repères de la jeunesse, une société d’adultes estourbie par un monde globalisé, une vision économique à bout de souffle, un monde politique composé de femmes et d’hommes qui confondent de plus en plus parcours personnel et intérêt général, participent au délitement progressif d’une organisation sociale jusque-là bâtie sur les fondamentaux d’une République laïque aux valeurs omniprésentes à tous les âges de la vie.
En quelque sorte, tout se déroule comme si nous avions perdu le côté initiatique sur lequel depuis la nuit des temps les individus se construisent étape par étape. Le grand flou sociétal entretenu par le système débridé de toute régulation, notamment celle des réseaux sociaux, est déjà un élément fort qui aide à comprendre la déconstruction de la société et en particulier de la jeunesse.
La République Française n’est pas venue de nulle part comme une génération spontanée.
Il aura fallu des décennies de combats et de discussions démocratiques pour façonner notre organisation sociétale.
La pâte feuilletée, métaphore de la multi-causalité des troubles et symptômes de cette maladie sociétale, est pétrie depuis plus d’un demi-siècle.
Dans ce constat on peut évoquer l’urbanisme densifié mortifère, la métropolisation inhumaine, l’école et ses programmes déconnectés, les trafics générateurs de zones de non droit, l’islamisme radical sournois, la police de proximité supprimée, le renseignement défaillant, la défense nationale éloignée du citoyen, la mauvaise prise en compte du handicap psychique, l’éloignement de l’accès aux soins en zones rurales comme urbaines, l’abandon de la vie associative, la désindustrialisation du pays génératrice d’un chômage systémique, etc …
Autant de sujets oubliés ou mal traités par une technostructure plus formatée sur la théorie de la gestion au jour le jour que sur l’intérêt général. Cette technostructure très offensive depuis au moins quatre décennies s’est vue renforcée par des élus issus de ses rangs et depuis les années Macron mais aussi dans la mouvance de Mélenchon avec des parlementaires totalement hors sol propulsés par démagogie et populisme dans l’hémicycle comme dans le grand bain d’une piscine sans savoir nager.
L’URBANISME ET SES « SACHANT ».
L’après guerre de 39/45 a apporté à de nombreux pays d’Europe dont la France des programmes de reconstruction et de réindustrialisation nommés chez nous « Les Trente Glorieuses ». Une grande partie de la main d’œuvre nécessaire à tous ces chantiers est venue des anciennes colonies françaises et notamment du Maghreb.
Les « sachants » de l’urbanisme de l’époque ont préconisé des programmes immobiliers très densifiés pour loger tout ce monde. Sont nées les barres et les grandes cités que nous connaissons aujourd’hui.
Dans beaucoup d’endroits ces logements furent initialement occupés par une classe sociale mixte et sans problème bénéficiaire du plein emploi. Rapidement l’accès à la propriété s’est développé. D’abord pour les plus aisés, rejoints progressivement par les salariés moins argentés, aidés par les prêts bancaires de l’époque type PAP et autres.
Cette croissance commença à chanceler lors du premier choc pétrolier de 1973 accentuée par celui de 1979. Puis, petit à petit la paupérisation s’est installée et s’est précipitée avec les crises économiques de 1990 et 2008. Nous connaissons la suite. Ces cités se sont refermées sur elles-mêmes, des économies parallèles ont fleuri, un prosélytisme religieux radical y a trouvé son terreau.
Ceci ne s’est pas fait en un jour, mais quand il était encore temps de changer le fusil d’épaule la cécité du monde politique, le déni, la bien-pensance d’une certaine gauche et la haine de la droite extrême ont définitivement enkysté le sujet.
Une société sans projet et un État sans vision ont fait naître progressivement une nouvelle organisation sociale hors la République, avec ses propres règles, son propre langage, sa propre économie : LE QUARTIER. Jusque-là les quartiers étaient des secteurs de ville, certains sont devenus des micros États dirigés par des petits groupes très minoritaires mais faisant régner la terreur. De l’opinel on est passé à la Kalachnikov et au 357 Magnum.
Cette réalité aurait dû faire bouger la vision urbanistique du développement de nos villes ! Eh bien non, les « sachants » comme au bon vieux temps des Trente Glorieuses nous vendent leur même soupe : LA CONCENTRATION URBAINE.
Seules les raisons ont changé, il ne s’agit plus de loger une main d’œuvre nécessaire au développement du pays. Aujourd’hui les urbanistes et les promoteurs collent au mouvement qui fait loi : Le développement durable.
La nouvelle concentration urbaine a trouvé sa voie : La suppression des déplacements pendulaires domicile / travail source de pollution.
La bétonisation vertueuse vient de naître. Il faut que les salariés qui vivent loin puissent travailler et vivre à la ville.
C’est entre autres le cas de Bordeaux, ma ville, vendue à la découpe pendant vingt ans à la promotion immobilière la plus libérale.
Basée à 80% sur la défiscalisation, les nouveaux quartiers poussent comme des champignons. Une concentration encore plus marquée à cause d’une spéculation foncière débridée qui force les promoteurs à monter en étages et à construire au moindre coût ce qui génère un florilège de malfaçon.
Bien sûr les mêmes causes commencent à produire les mêmes effets. L’architecture concentrée traversée par des sentes étroites attire progressivement les trafics.
Au final, les loyers pratiqués chez les bailleurs comme dans le privé sont particulièrement onéreux et le « pendulage » domicile / travail continue de plus belle. Une forme de gentrification s’est installée. La petite classe moyenne a quitté les villes pour au final « penduler » avec les autres. Cette réalité fut l’élément déclencheur de la crise des gilets jaunes, qui ne l’oublions pas est partie de ces classes moyennes garrottées par l’augmentation du prix de l’essence.
Il y a quelques années, dans une discussion privée avec un préfet, je fus très marqué par son analyse qui prédisait que dans les dix à quinze ans à venir, quand les propriétaires en auraient terminé avec leurs obligations imposées par la défiscalisation, ces nouveaux quartiers à la construction médiocre seraient récupérés par les bailleurs sociaux en déficit d’appartements, qui chargeraient ces logements de personnes paupérisées et en souffrance sociale.
La boucle est donc bouclée et la finance aura encore gagné sur le bon sens et sur l’apprentissage du passé.
Les politiques, parfois complices, mais souvent victimes du rouleau compresseur de la promotion immobilière seront enjoints de trouver des solutions immédiates. Pendant que les autres iront chasser quelques terres ailleurs pour continuer leur commerce destructeur.
LA MÉTROPOLISATION : VISION UNIQUE DU DÉVELOPPEMENT URBAIN.
Pour faire suite à ce premier chapitre sur l’aménagement urbain, il est difficile de ne pas aborder la métropolisation. À mon sens, on promeut une vision un peu dépassée de l’organisation spatiale urbaine qui mène progressivement nos villes moyennes vers un monde « orwellien ».
À gauche comme à droite, la métropolisation est souvent devenue symbole de puissance.
Ce qui est certain c’est que les promoteurs et autres rapaces du BTP, ont rapidement trouvé dans cette vision du développement urbain une « pompe à fric » qui fait rêver.
À l’heure où le système économique est en train de se fissurer, de se laminer, de finir de tuer les plus modestes et de paupériser les classes moyennes qui vont venir grossir les rangs des classes insécurisées, on continue à développer une vision technocratique de la ville… Au lieu de revenir vers une vision plus humaniste qui nous manque depuis si longtemps.
Les programmes explosent dans tous les sens sans ce soucier des infrastructures publiques qui viennent toujours après et particulièrement les écoles. Sans oublier le nombre de médecins généralistes qui ne correspond plus au nombre d’habitants, ce qui a pour effet de créer des déserts médicaux urbains. Les axes de circulations difficilement recalibrables se thrombosent. Puis la ville passe dans le surpoids, pour finir en obésité morbide générant des comorbidités et développe des pathologies urbaines graves, comme l’insécurité, le stress souvent élément déclencheur de maladies psychiques.
Alors on gonfle les effectifs de la Police Municipale, on l’arme et on pose des caméras de surveillance tous les vingt mètres. Dans cette situation je n’ai rien à redire sur ces décisions devenues souvent inévitables, mais il faut bien être conscient que leurs efficacités est celle d’un paracétamol sur un staphylocoque doré.
En fait, la ville, c’est comme un corps humain dont tous les organes vitaux sont reliés et irrigués par un réseau sanguin ultra performant. Quand on surcharge c’est déjà trop tard.
Entre étalement urbain et concentration urbaine métropolitaine souvent outrancière il y a une troisième voie : la multipolarité, intelligemment pensée, à progressivité et densité maîtrisée, associée à un réseau de transports en commun en site propre et à grande vitesse (TERGV) permettant de connecter ces pôles à dimension humaine avec efficacité. Ce maillage territorial dense participerait à endiguer la désertification rurale.
Ceci doit être lié à un programme de ré-industrialisation vertueux basé sur la décarbonation ce qui permettrait de travailler et de vivre au pays avec des temps de transports limités.
Loin de moi l’idée de supprimer les métropoles, mais cette vision plus harmonieuse de développer les territoires doit trouver des femmes et des hommes courageux qui n’auront pas peur de réhabiliter le temps long. Aujourd’hui, c’est la promotion immobilière qui a majoritairement la main en utilisant à outrance un outil redoutable, le PAE. (Plan d’Aménagement d’Ensemble)
SUPPRESSION DU SERVICE NATIONAL LA PLUS MAUVAISE DÉCISION POLITIQUE DU 20e SIÈCLE.
En faisant abstraction de son côté purement militaire, le Service National a participé pendant des générations à la prise de conscience de la jeunesse d’appartenir à la même République, à la même Nation.
Qu’on le veuille ou non, il a mélangé toutes les classes sociales. Les jeunes au parcours scolaire difficile se rendaient compte que leurs camarades plus favorisés étaient abordables et inversement les plus diplômés ont découvert le potentiel différent ou gâché des jeunes les plus démunis.
Les membres du groupe étaient soumis aux mêmes règles, aux mêmes efforts physiques, et au même caporal qui tous les matins à 6 heures venait les sortir du lit. Autant de petites choses qui cimentaient le groupe. En quelque sorte l’apprentissage du « faire nation ».
La suppression de ce passage initiatique a considérablement participé à l’effondrement de l’esprit républicain, remplacé par les communautarismes.
La rénovation de cette obligation républicaine était nécessaire. La mixité incontournable, la durée révisée et les affectations plus en lien avec la société civile.
De plus, avec la guerre en Ukraine, l’aspect purement militaire doit également devenir un axe de réflexion, mais ça c’est un autre sujet. https://www.philippedorthe.fr/de-la-patrie-aux-opex-2/
ÉCOLE : TERRAIN DE JEU DES SPÉCIALISTES EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION.
L’école dont la mission de base doit être d’apprendre à lire, à écrire et compter en y rajoutant les fondations de la sociabilisation, de la connaissance de l’Histoire et la sensibilisation au civisme, n’est-elle pas victime du grand bal des experts en pédagogie ?
Si cette valse s’accélère, le sujet n’est pas d’aujourd’hui. Le combat entre les anciens et les modernes, pugilat idéologique, n’a cessé de faire des victimes chez les élèves et chez les enseignants.
Déjà dans les années 1960, on a assisté au combat entre les modernes inventeurs d’une nouvelle méthode pour apprendre à lire et à écrire la « méthode globale » qui consistait à faire reconnaître un ensemble de mots avant d’en analyser les éléments et les anciens qui défendaient bec et ongle la « méthode syllabique » le fameux B+A = BA, c’est à dire partir des syllabes pour aller vers le mot.
Il est reconnu aujourd’hui que la méthode globale fut un échec handicapant au moins deux générations d’élèves, qui devenus adultes et quelle que soit leur position sociale ont été touché par le manque de confiance en soi à l’écrit. Cet élément de blocage a fait lâcher prise à un nombre considérable d’individus aux capacités à fort potentiel.
Cet exemple historique cache une multitude d’autres programmes qui sont chacun autant de sujets d’autosatisfaction de leurs inventeurs et évidement autant de manuels faisant les choux gras des éditeurs.
Nos institutrices et instituteurs parachutés au milieu de ces décennies de gribouillis pédagogiques, dans des classes surchargées n’arrivent plus à endiguer un mal qui touche nos enfants et particulièrement ceux des classes les plus défavorisées.
Les fondamentaux qui firent pourtant leurs preuves, avec le moment de morale le matin en arrivant en classe, l’apprentissage du respect en se levant de son siège quand un adulte entre, le respect de son maître ou de sa maîtresse tout cela disparaît lentement.
Les nouveaux spécialistes en sciences de l’éducation continuent de jouer les apprentis sorciers, et maintenant on nous parle de pédagogie inversée, de pédagogie active… Mais les cobayes sont toujours nos enfants.
Le tout amplifié par les réseaux sociaux et le langage lapidaire du SMS. (KC, GpaC, Kli…)
Urbanisme, métropolisation, service national, école… le même dénominateur commun : le pouvoir de la pensée formatée, de l’intérêt personnel et de la rentabilité pour un petit nombre au détriment de l’intérêt collectif… Et ce n’est pas fini !
VIE ASSOCIATIVE ET ÉDUCATION POPULAIRE, MAILLONS AFFAIBLIS
La vie associative française, unique avec sa loi de 1901, a pendant plus d’un siècle rempli une mission citoyenne fondamentale et particulièrement dans le domaine de l’éducation populaire souvent liée à l’école publique.
Pendant des années dans les secteurs difficiles, qui sont loin de se cantonner aux grands ensembles, de nombreuses associations ont assuré un travail de fond d’apprentissage de la citoyenneté et de l’émancipation des jeunes.
Aujourd’hui ces actions au service de l’intérêt général de la jeunesse s’étiole pour de multiples raisons.
Notre société du 21e siècle est touchée par une métamorphose exponentielle et chronique. Cette mutation vertigineuse suit l’air du temps. Le bénévolat est devenu un concept archaïque. Ce qui reste d’activités associatives est devenu un produit de consommation où le « consommateur » ne perçoit même plus l’investissement bénévole de quelques parents ou de quelques anciens. Il se trouve même des cas où l’association est prise à partie par des « consommateurs » mécontents. Quand on demande aux parents de s’engager dans l’association pour aider, on vous regarde comme un Martien. Comment est-il possible d’avoir une activité non rémunérée ?
Le seul bénévolat associatif qui trouve encore des membres actifs c’est celui qui s’opère dans les associations de défense. Il s’agit bien souvent de petits intérêts personnels qui se regroupent pour tenter de peser plus. Le sujet réglé avec solution ou sans solution, l’association s’évapore aussi vite qu’elle s’est créée.
Il faut dire aussi que les administrations, certainement dans un souci de bonne gestion des deniers publics, n’ont pas vraiment aidé le secteur.
La mort progressive du bénévolat a été aussi en partie la résultante d’une trop forte demande de professionnalisation du monde associatif. De plus en plus c’est le choix des politiques publiques au travers des appels à projets qui oblige les associations à changer leur objet pour tenter d’avoir une subvention. Le responsable associatif, chargé d’une responsabilité de plus en plus angoissante pour lui, doit passer 80% de son temps à remplir des dossiers et des formulaires et 20% pour mener une action, qui dans ce système n’est plus tout à fait celle de l’objet même de son association.
Cette réalité a créée une véritable hémorragie des bénévoles.
Le sujet et ses déviances méritent une réflexion très approfondie et des débats sérieux. La loi de 1901 ne doit-elle pas rester l’outil juridique de la vie associative dans son esprit originel ? Les associations à missions sociales officielles, parfois de véritables administrations au service des politiques publiques, ne devraient-elles pas trouver un statut juridique nouveau ?
Ce grand flou, ces pertes d’énergie, ce stress imposé aux responsables bénévoles, emportent peu à peu l’esprit de l’engagement au service des autres et particulièrement des jeunes. Voici encore une strate de notre pâte feuilletée qui ouvre une autre brèche dans les digues républicaines si efficaces dans les secteurs difficiles.
VIOLENCES, TRAFIC, PROSÉLITISME RELIGIEUX RADICAL :
Alors Premier Ministre, Lionel Jospin voyant venir l’explosion des secteurs les plus « chauds » a demandé à son Ministre de l’Intérieur Jean-Pierre Chevènement de mettre en place une doctrine policière issu d’un concept anglo-saxon qui a fait ses preuves le « Community Policing » dont l’application en France s’est transformée en « Police de Proximité ». La mesure fut prise en 1998.
Malgré la lenteur de la mise en œuvre du processus des résultats positifs sont remarqués même si dans certains secteurs ils furent plus mitigés.
Pour que ce procédé atteigne son efficacité maximale il aurait fallu 10 à 15 ans. Dans ce type de vision révolutionnaire de la sécurité l’allié principal de la réussite est le temps long.
Seulement 5 ans après la création de la « PolProx » Nicolas Sarkozy, Ministre de l’Intérieur et commercial de la marque Kärcher, sonna le glas du dispositif en disant en février 2003 à Toulouse devant un parterre de policiers : « Vous n’êtes pas des travailleurs sociaux ». Dans l’absolu il se trompait, les policiers dans leur action préventive ou répressive travaillent bien pour la société.
Il préféra donc une Police plus répressive que préventive.
Il est pourtant simple à comprendre que l’on réprime des actes avérés, mais c’est trop tard pour les victimes, alors que la prévention est là pour justement endiguer le plus possible le passage à l’acte.
Le même Nicolas Sarkozy, alors Président de la République donna le coup de grâce à la prévention des délits en supprimant les fameux Renseignements Généraux (les RG) pour les fusionner avec la Direction de la Surveillance du Territoire (la DST) pour créer la Direction Centrale du Renseignement Intérieur la (DCRI).
Le résultat fut que l’on ne retrouva jamais l’efficacité des RG, spécialistes du renseignement intérieur aux personnels très aguerris à l’infiltration des milieux difficiles.
En fait la droite française, chantre de l’ordre ne fit qu’aggraver le désordre.
Pour fignoler ce triste tableau, le Président Macron par l’intermédiaire de son Ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, s’apprête à prendre une mesure qui va vite entrer dans les annales des grosses bêtises de l’État : La suppression de la Direction de la Policière Judiciaire, fleuron de l’investigation, spécialiste des grosses affaires, touchant particulièrement au grand banditisme.
Ces limiers de la PJ vont bientôt êtres déployés auprès des Directions Départementale de la Sécurité Publique (DDSP) pour devenir des généralistes qui seront plus occupés à régler le tout venant des petites affaires.
Comme le dit l’ancien patron de l’anti gang le Contrôleur général Yves Jobic : « C’est un peu comme si en matière médicale on demandait aux spécialistes de venir grossir les rangs des généralistes pas suffisamment nombreux en laissant progresser les pathologies les plus lourdes.»
Cette mesure démagogique qui va être vendue comme la solution à tous les problèmes de proximité ne fera que les aggraver.
Le même Yves Jobic, ayant gardé quelques contacts avec des anciens de la pègre, s’est vu dire par un ancien caïd du grand banditisme « Commissaire, pour nous ça va être open bar ! ».
Évidemment, comment les dealers locaux, petits caïds des banlieues s’approvisionnent-ils en drogues dures (cocaïne, héroïne et autres produits) si ce n’est par l’intermédiaire des demis grossistes eux-mêmes fournis par les gangs du grand banditisme national et international.
Ces couches successives de mauvaises décisions sont issues d’une vision à court terme inefficace. De plus ces supermarchés de la drogue, devenus zones de non droit, où Police, Pompiers, SAMU, ne sont pas les bienvenus sont également le terreau du prosélytisme islamique radical.
Un réseau local de dealers arrêté est immédiatement remplacé par un autre. Les gros voyous et les cartels sont particulièrement organisés pour éviter la rupture d’un business en flux tendu.
Là encore la boucle est bouclée.
DESINDUSTRIALISATION DU PAYS ET CHÔMAGE CHRONIQUE
Le choix de la désindustrialisation progressive de la France au profit du tertiaire fut une erreur stratégique majeure faisant les choux gras de nombreuses grandes marques qui ont préféré confier leur production à bas coût aux ateliers des pays émergents (particulièrement à l’Inde et la Chine).
Petit à petit les emplois industriels à forte valeur ajoutée et aux salaires confortables firent place aux emplois du petit tertiaire (vente, service, plateformes téléphonique…) payés au SMIC ou légèrement au-dessus.
Ces politiques sont aussi la cause de la paupérisation des villes.
De plus ce manque de prospective amena doucement le pays vers de nombreuses dépendances (pharmacie, armement de petit calibre, construction automobile, machine-outil, industrie du jouet, etc…).
La relance de l’économie par une industrie vertueuse équilibrée entre le milieu urbain et rural est une des clés majeures du modèle économique de la France de demain.
LES MALADIES PSYCHIQUES HANDICAPANTES
Pour finir cette série de constats non exhaustifs, il me semble important d’aborder un sujet de santé publique, très peu traité car souvent invisible : « le handicap psychique ».
Je fus estomaqué après avoir rencontré l’UNAFAM (Union nationale des familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques) d’apprendre que dans une ville de 250 000 habitants comme Bordeaux, 2% de la population était atteinte de maladies psychiques. En particulier des différentes formes de bipolarité et de schizophrénie.
La société anxiogène d’aujourd’hui, la concentration, le stress… étant autant d’éléments déclencheurs. Certaines violences très nombreuses sont dues à des crises aigües touchant les personnes atteintes de ces maux. Nous l’avons vu dernièrement quand un individu a attaqué une grand-mère et sa petite fille devant le pas de la porte de leur maison. La personne interpelée était un handicapé psychique mal suivi.
50% de cette population est suivie par les familles ou les peu nombreux établissements spécialisés et les 50% restant sont soit en prison soit dans la rue, comme la personne ayant agressé la grand-mère et sa petite fille.
C’est un fléau considérable qui doit alerter nos consciences et appeler nos réflexions.
QUE FAIRE POUR APAISER LA SOCIÉTÉ ET SAUVER LA REPUBLIQUE ET LA DEMOCRATIE ?
Les constats que je viens de décliner dans ces quelques pages, sont les miens et peuvent très bien ne pas êtres partagés.
En tout cas ils sont là comme éléments de réflexions pour que les personnes de bonne volonté, les républicains, les sociaux démocrates puissent tous ensemble proposer des solutions nouvelles.
Pour ma part, je retiens particulièrement 2 sujets : L’aménagement du territoire et la réindustrialisations du pays.
LE TEMPS LONG :
-
Mise en œuvre d’un commissariat permanent au plan.
-
Réhabilitation du temps long pour mettre en application une vision prospective d’un maillage territorial où la multipolarité reliée par des transports rapides couvre le pays et permette d’endiguer l’exode rural.
-
Ré industrialisation de la France en se servant de cette nouvelle vision du maillage territorial national. Réflexion à mener en lien avec les représentants des TPE, PME et ETI. La réflexion doit privilégier les activités industrielles axée sur la décarbonation.
-
Rapatriement dans les territoires d’une partie de la production liée à l’indépendance nationale
-
Remise en place d’un Service National obligatoire de 6 mois, pour les filles et les garçons.
2 mois de FETA (Formation Elémentaire Toutes Armes) et 4 mois au service de la Nation au sein de structures associatives, administratives, opérationnelles (Pompiers, Gendarmerie, Police), agricoles…
LE COURT TERME
-
À l’école, remise en œuvre dans le primaire des fondamentaux qui ont fait leur preuve pendant des décennies avec au programme une sensibilisation à la notion de laïcité régulièrement évoquée pendants les 5 années du primaire.
-
Mise en place d’un plan national de construction d’écoles ou de classes pour alléger les effectifs.
-
Embauches de maîtres et maîtresses issus d’une formation adaptée et arrêt immédiat des projets de recrutement proposés par le gouvernement actuel.
-
Remise en fonction de la Police de Proximité, ce travail absolument nécessaire sera d’une complexité redoutable, car à l’époque de Jospin les secteurs difficiles n’avaient rien à voir avec ceux d’aujourd’hui.
-
Remise en place de la Direction Centrale des Renseignements Généraux, avec ses déclinaisons départementales, directement sous les ordres des Préfets.
-
Arrêt immédiat de projet de démantèlement de la Police Judiciaire.
-
Renforcement des CPLJ (Centre de Prévention et de Loisirs des Jeunes), structures associatives installées dans les quartiers en difficulté.
-
Soutien avec des aides nationales au fonctionnement des associations loi de 1901 gérées par des bénévoles et ne dépassant pas 2 salariés.
Ce travail ne traite que de la paix sociale, passant par une nouvelle vision de l’aménagement du territoire, par une école plus efficace et par la réhabilitation des emplois à forte valeur ajoutée issus d’une industrie vertueuse.
A terme la volonté de mettre en œuvre un nouveau modèle sociétal républicain.
La France du bien vivre ne passera que par une meilleure répartition des populations sur nos territoires et une école désengorgée aux fondamentaux retrouvés. La démocratie est un bien trop précieux pour le laisser filer. La République est son socle.
Je terminerai le propos avec cette phrase de Ferdinand BUISSON :
« LE PREMIER DEVOIR DE LA RÉPUBLIQUE EST DE FAIRE DES RÉPUBLICAINS ».
Philippe Dorthe
Le 22 juillet 2023