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EDITO : Urbanisme : Bordeaux vise le million d’habitants…Le million… Le million… Le million

Publié le 08/05/2010

A l’heure où le système économique est en train de se fissurer, de se laminer, de finir de tuer les plus modestes et de paupériser les classes moyennes, on continue aujourd’hui à développer une vision technocratique de la ville…

au lieu de revenir vers la vision plus humaniste qui nous manque depuis si longtemps.

La ville est-elle simplement un terrain de jeu pour têtes pensantes qui n’ont comme objectif que de se mesurer aux autres, dans une compétition dont l’obsolescence est démontrée tous les jours par cet effondrement du système ?

La ville ne doit elle pas être plutôt un lieu d’harmonie tourné vers le bien-être de ses habitants pour qu’ils puissent y trouver les services que le vingt et unième siècle doit pouvoir fournir à chacun et quelque soit sa condition.

Alors pourquoi 1 M, pourquoi pas 900 000 ou 1M2 ? Pour quelle lubie ?

Aujourd’hui, nos édiles ont du mal à gérer un foncier au coût exorbitant dû justement à une politique urbanistique libérale et spéculative voulue par ceux-là mêmes qui veulent maîtriser ce qu’ils ont maladroitement lâché il y a quelques années.

La ville doit retrouver la dimension du bon sens. Ce bon sens qui a fait que, depuis l’Antiquité, les villes étaient des lieux de vie où l’on travaillait, où l’on dormait et où l’on consommait.

Ces jours-ci, nous venons d’inaugurer une pépinière d’entreprises au cœur des Chartrons, où enfin, avec l’aval de tous, et de toutes opinions politiques, on a retrouvé au cœur d’un îlot ce triptyque du bon sens : du logements pour tous, des entreprises et des commerces.

Quels que soient les architectes, les urbanistes, les idéologues de la «  restructuration  » urbaine, aucun n’a complètement réussi le bien vivre dans les mégapoles millionnaires et les mégastructures qu’ils ont inventé et mis en œuvre. Pourquoi mettre constamment en avant la concentration urbaine ? Concentration = empilage. Empilage= asphyxie.

Oui, entre étalement urbain et concentration urbaine il y a une troisième voie : la multipolarité urbaine, intelligemment pensée, à progressivité et densité maîtrisée, associée à un réseau de transports en commun en site propre et à grande vitesse qui permettrait de connecter ces multipoles avec efficacité.

En fait, une construction urbaine comme une vision métaphorique d’un corps humain dont tous les organes vitaux sont reliés et irrigués par un réseau sanguin ultra performant.

Quand on écoute et que l’on regarde, on a l’impression que les «  gouvernances  » publiques d’aujourd’hui parce qu’elles ne veulent plus prendre leurs responsabilités, se défaussent en utilisant de plus en plus des outils, qui favorisent le privé, et justifient la concentration urbaine en se réfugiant derrière le développement durable.

Alors que la multipolarité maîtrisée assurerait un bien-être aux citoyennes et citoyens, mais imposerait aux «  gouvernances  » publiques de prendre leurs responsabilités sur la fiscalité, sur la maîtrise du foncier, sur la décision de mettre en œuvre des équipements publics certes coûteux mais nécessaires au bien vivre des populations… Cela s’appelle le «  courage politique  » !
Philippe Dorthe
le 08/05/2010

Commentaires :

Pascal PILET : Nous entrons dans la phase pharaonique du juppéisme ! On parle de 55.000 logements à Bordeaux-Nord… Sans dire pour qui, comment, et surtout avec quel accompagnement social. La densification, si elle est nécessaire, doit être pensée de manière approfondie. Le manque de logements est criant, mais ceux que l’on va construire correspondent-ils aux besoins ? Le gaullisme des années 60-70 a inventé les villes nouvelles… avec un succès pour le moins mitigé. Il semble que l’on reparte dans cette voie. Question subsidiaire : l’activité… Sans elle, il semble dérisoire de formuler des projets en termes d’augmentation de la population !

Pascale ROUX :trouve que dans sa ville les administrateurs et les architectes
monopolisent l’agora et aimerait co-agir pour une ville qui donnent plus de place aux initiatives de ses habitants.
Les utopies humanistes sont à partager.

Isabelle KRAIZER : je suis intervenue pendant le débat de cet après midi pour parler de d’habitude, de la place des « vrais gens », de leur présence, de leur parole et de leur place dans la ville de demain
pour l’inauguration qu’on a fait vend c’était magnifique de voir arriver en nombre les habitants, je te jure que c’est pas passé inaperçu, ce fut effectivement l’un des rares moments populaire d’Agora

Frédéric AUTECHAUD : Tout est dit : ce million populeux, présenté comme un enrichissement alors qu’il est avant tout une fatalité, réclame un urbanisme des axes de communication et pas des alignements de clapiers.

Jean-François RUIZ-CUEVAS : Superbe texte qui arrive en plein Agora…. Un million d’habitants, pour faire quoi, quelles activités ? quels jobs ? Tout ça c’est que de la com, du blabla, du vent. Agora, on y a vu principalement des gens en costards, des urbanistes, des archis, et le maire sur le ring, et le maire dans le journal, en encore le maire et toujours le maire…. Face à style d’évènements, pour ma part, un seul mot d’ordre : BOYCOTT !