Il serait difficile de parler de Laïcité sans aborder auparavant la raison même des éléments déclencheurs de celle-ci que sont la spiritualité, la religion et les églises.
Comme tout a été dit sur le sujet, il fut difficile pour moi de trouver un angle d’attaque un peu original pour parler de cette question. Cet angle je pense l’avoir trouvé, mais il m’a fallu faire un retour en arrière d’environ 100 000 ans. Vous allez sans doute vous demander où je veux en venir.
En effet, on peut penser que la spiritualité est née il y a au moins 100 000 ans, datation des premières sépultures d’hominidés organisées suivant un rituel (position des corps, ornements avec des restes d’animaux notamment des bois de rennes). Cette époque est l’époque moustérienne peuplée par les homos sapiens, puis les néandertaliens, pour arriver il y a environ 35 000 ans à l’homo sapiens-sapiens, c’est-à-dire l’homme moderne. (Lascaux c’est -17 000 ans BP).
Ces sépultures sont nées de la conscience de ces hominidés de la vie, de la mort et du besoin de penser que les choses ne s’arrêtaient pas là, et qu’il fallait qu’il y ait une existence après la mort. Cette volonté de croire à une vie après la mort est certainement due à ce qui fait les choux gras des psychanalystes, c’est-à-dire, la naissance des névroses et des angoisses de mort, qui existent plus ou moins en chacun d’entre nous.
Dès cette époque ces sociétés primitives étaient organisées par petits groupes, souvent nomades, appelés clan et menés par une sorte de chef, au charisme incontournable. Très vite cette organisation sociale a installé entre ce chef et sa troupe un personnage à part, une sorte de « sachant » de l’époque, qui assurait les rituels, qui petit à petit maitrisait les plantes. Il s’agit du shaman, personnage énigmatique, proche du « politique », craint du peuple et sans doute très rapidement force manipulatoire sur les décisions « politiques » du chef de clan. Les enjeux entre pouvoir terrestre et représentants du pouvoir spirituel venaient certainement de naître.
Ces temps très reculés venaient-ils, avec le chef, le shaman et le clan, d’inventer le triptyque de base qui régula les sociétés pendant des millénaires et sous des formes différentes : la noblesse, le clergé et le tiers état ? Cette organisation serait-elle dans l’ordre naturel des choses ? Serait-elle la base des théories sur les lois naturelles ? Lois naturelles donc, lois de dieu !
Lentement, ces croyances un peu floues dans les consciences des individus, se sont affinées en mettant des mots, des symboles souvent liés à la force des éléments, des animaux et autres, pour passer à des formes plus humaines dans l’antiquité, puis, à une seule force universelle : Dieu ! Le rassemblement des gens qui croyaient à telle ou telle force vient de faire naître les religions. Puis le besoin d’organisations terrestres des croyants nous amènera les « églises ».
Cette organisation persiste exactement sur le même schéma à l’époque moderne dans la prolifération des sectes.
Pour autant, si pendant tous ces siècles, les enjeux du pouvoir ne concernaient que la noblesse et le clergé, cet ordre établi n’a pas toujours connu un long fleuve tranquille. L’histoire est parsemée de conflits entre « l’État » et les églises, en fonction des tentatives et particulièrement celles des églises de prendre trop d’ascendant sur le pouvoir d’Etat.
Ces tentatives des églises, et bien sûr des églises romaines, car jusque là, et comme nous devons aller ensemble vers la laïcité et la loi de 1905, c’est l’Église catholique romaine qui était concernée, ce qui a amené le pouvoir politique à ce que l’on appelle le Gallicanisme, c’est-à-dire sortir l’Église catholique d’un pouvoir papal centralisé hors de France.
Le 1er acte de gallicanisme fut mené par le roi de France Philippe IV le Bel, père de l’organisation de l’État moderne, mais qui fut, dans cette nouvelle organisation d’État, contré par le Pape de Rome, qui voulait, pour ces faits, l’excommunier, le faire arrêter, etc…
Pour couper court à cela et pour ne plus perdre son temps avec le pouvoir papal, il cessa de reconnaître Rome et créa sa propre papauté en nommant l’Aquitain Bertrand de Goth, comme le 1er Pape d’Avignon, sous le nom de Clément V et à qui il demanda immédiatement de détruire ce qui, à l’époque était une sorte d’État dans l’État, l’ordre du Temple, force militaire, navale et financière trop dangereuse à ses yeux et qui pouvait enrayer sa nouvelle organisation.
Cette affaire est sans doute très importante pour le cheminement vers la laïcité, car s’il ne s’agit pas encore de séparation de l’église et de l’État mais d’un acte de mise sous tutelle de l’église par l’État.
On peut retrouver cette forme d’action, 6 siècles plus tard, mais là, plus contre Rome, mais contre le pouvoir musulman en Turquie, qui fut mis sous tutelle du nouvel État laïque, créé par Moustafa Kemal dit Atatürk, père de la Turquie moderne, chef d’État laïque, c’était en1920. En effet, il fera gérer par l’État les mosquées. Il fonctionnarisera les 72 000 Imams de Turquie et les prêches seront écrits par des fonctionnaires de la Présidence des affaires religieuses.
Il ne financera que le culte sunnite, les autres cultes devant se financer eux-mêmes, une vision très rude du gallicanisme. Cette nouvelle République turque sera d’ailleurs sans concession sur le port des signes religieux dans les lieux de la République. Aujourd’hui, on se rend compte du net recul de ces règles depuis la prise de pouvoir de l’AKP, Parti de la justice et du développement, proche d’un Islam modéré.
En fait, après ce détour de 100 000 mille ans, il aura fallu attendre le 17e siècle et les Lumières pour parler d’une organisation où les religions et les églises, souvent instigatrices de massacres, de guerres et autres violences au nom des dogmes et de Dieu, soient séparées du pouvoir politique.
Les grands philosophes des Lumières, comme Voltaire, Condorcet et Rousseau avancèrent dans la voie de la laïcité, mais curieusement avec une pensée plus gallicane que séparatiste. Et Voltaire de dire « il faut combattre les dogmes et adorer un Dieu clément ». C’est en fait un philosophe anglais, John Locke qui est le véritable fondateur d’une Laïcité qui prône la séparation de l’Église et de l’État. Il pense que l‘État n’a « qu’une seule vue de l’établissement, la conservation et l’avancement des intérêts civils ». Le domaine de la religion qu’il appelle la « persuasion intérieure » n’a pas à s’immiscer dans les affaires de l’État. L’Église est une association volontaire, une affaire individuelle.
Il dira que personne ne peut être exclu de l’État pour cause de religion, et que les catholiques peuvent avoir des opinions absurdes s’ils le souhaitent, mais que les empiètements politiques sur le pouvoir civil ne doivent pas être tolérés. John Locke est en fait le fondateur du concept de l’État de droit.
Rien ne fut plus clair dans ce débat entre laïques séparatistes et laïques gallicanistes. On le verra ce débat continuera longtemps, jusqu’au 9 décembre 1905. Pour vivre le premier acte administratif concret d’une séparation de l’église et de l’État, il faut attendre la Révolution française qui confia la gestion de l’État Civil au pouvoir politique, jusque-là tenu par les paroisses.
Enfin il faudra encore 116 ans de discussions entre Gallicanisme républicain et républicain séparatistes pour aboutir à la loi de 1905, rédigée par Aristide Briand et votée sous le gouvernement d’Émile Combes.
L’inclination un peu reptilienne de s’abandonner aux soi-disant lois naturelles, montre que l’Homme doit être constamment dans la tourmente de la réflexion afin d’avancer dans la conscience. Une sorte de révolution intellectuelle permanente qui doit remettre toujours en question les choses établies.
Cette révolution permanente des choses établies n’a jamais était autant d’actualité depuis les attaques contre la laïcité. Qui aurait pensé qu’elle pouvait être rediscutée ?
Pourtant en 111 ans de séparation de l’Église et de l’État, ce principe républicain français est remis en question, même par certains républicains. 111 ans c’est moins que le temps qu’il a fallu pour passer de l’État civil de la Révolution française à la loi de 1905.
Mais que nous arrive-t-il donc ?
Avant d’arriver à essayer de le comprendre, il est nécessaire de rappeler les principes de Laïcité.
La laïcité repose sur trois principes : la liberté de conscience et la liberté de culte, la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses et l’égalité de tous devant la loi, quelles que soient les croyances ou les convictions.
La laïcité garantit aux croyants et aux non-croyants le même droit à la liberté d’expression de leurs convictions. Elle assure aussi bien le droit de changer de religion que le droit d’adhérer à une religion.
Elle garantit le libre exercice des cultes et la liberté de religion, mais aussi la liberté vis-à-vis de la religion : personne ne peut être contraint par le droit au respect de dogmes ou prescriptions religieuses.
La laïcité suppose la séparation de l’État et des organisations religieuses. L’ordre politique est fondé sur la seule souveraineté du peuple des citoyens et l’Etat —qui ne reconnaît et ne salarie aucun culte, ne se mêle pas du fonctionnement des organisations religieuses.
De cette séparation se déduit la neutralité de l’Etat, des collectivités et des services publics, non de ses usagers.
La République laïque assure ainsi l’égalité des citoyens face au service public, quelles que soient leurs convictions ou croyances.
La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres mais la liberté d’en avoir une. Elle n’est pas une conviction, mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l’ordre public.
Ce principe n’est pas celui d’une couleur politique, mais celui que partagent tous les citoyens se reconnaissant dans ces valeurs fondamentales.
Alors que depuis 1905 ce principe ne faisait pas débat sur sa remise en cause, du moins publiquement, il resurgit en France depuis le milieu des années 1990 avec l’affaire dite du « Foulard » au moment où une jeune fille voulut imposer le port de celui-ci en classe au sein de l’école laïque républicaine.
Immédiatement cet acte relayé largement par les médias déclenche un grand débat, embrassant tous les sujets : La place réservée aux femmes musulmanes, le clivage communautarisme/assimilation, la confusion occasionnelle entre musulmans, arabes, maghrébins, menaces islamistes ou islamophobie…
Le coup fut donc parti, dépassa l’enceinte de l’école pour pénétrer dans l’univers de l’utilisation des piscines à des heures réservées, aux soins hospitaliers prodigués par des hommes sur des femmes musulmanes, etc.
Au début ce débat marginalisa un peu le sujet des causes profondes et il aura fallu quelque temps et l’expression de nombreuses personnalités, la rédaction de nombreux articles, la réflexion de nombreux experts, pour admettre l’extrême complexité du sujet et en définir une multi causalité.
Si ces causes trouvent aujourd’hui un dénominateur commun extérieur, celui-ci (dénominateur commun) n’est pas toujours perçu par les différents acteurs.
Il faut, je pense revenir aux 30 glorieuses, où notre République a fait venir une masse très importante de travailleurs issus pour la plupart des anciens départements et protectorats français du Maghreb ou d’Afrique Noire, qui furent, dans cette époque de plein emploi logés, après avoir vécu des conditions de vie très précaires, dans des cités neuves et très concentrées, particulièrement dans la région parisienne.
Tout allait à peu près jusqu’aux crises du milieu des années 70 : fermetures d’usines, chômage massif, concentration de population désœuvrée dans ces grands ensembles… ce fut le terreau du mal-être de la 2e et 3e génération.
Ce mal-être se cristallisera par une perte d’identité, beaucoup de ces jeunes sont considérés comme des étrangers dans le pays d’origine de leurs grands-parents, ils se sentent, à tort ou souvent à raison, non intégrés dans la société occidentale.
Un sentiment d’injustice et une envie de révolte apparaissent, un élément géographique communautaire vient de naître : « le quartier ».
Un besoin de reconnaissance physique et provocateur vis-à-vis de la société prend la forme de signes ostentatoires empruntés à la religion musulmane, mais dans un 1er temps, plus par amalgame entre culture et culte (foulard pour les filles, barbe pour les garçons…). Il faut remarquer qu’aujourd’hui de nombreuses mères de ces jeunes femmes et jeunes hommes ne portent pas le foulard.
Ce communautarisme, cette perte ou recherche de valeur, l’amalgame culture et religion, devinrent vite le cheval de Troie de groupes étrangers, mus par des stratégies fascisantes, voir mafieuses nées des crises particulièrement dures que vivent les pays arabes ou d’Asie centrale comme l’Afghanistan, cristallisées voire déclenchées par des positionnements souvent bien malheureux des pays occidentaux et de certains pays arabes.
Certaines de ces crises viennent de loin : Le conflit israélo-palestinien, le soutien tardif au Commandant Massoud en Afghanistan, les guerres d’Irak et de Libye, la politique génocidaire de certains dictateurs comme Bachar el-Assad en Syrie, Kadhafi en Lybie etc…
Ce chaos est devenu particulièrement propice à des stratégies de pouvoir de certains chefs du radicalisme musulman, comme Abou Bakr al-Baghdadi qui souhaite la création d’un Califat (EI), fondé en partie sur l’idéologie salafiste et djihadiste, reposant sur une organisation terroriste, militaire et politique, mais qui cache en vérité une ambition d’hégémonie, et de dictature se réfugiant derrière les interprétations très manipulées de textes coraniques, interprétations totalement récusées par la très large majorité de la communauté internationale des musulmans.
L’EI avaient déjà conçu un véritable projet étatique et imaginé une rigoureuse administration pour imposer dans la durée son idéologie totalitaire. Ce projet étatique, pensé dans les moindres détails, comme le révèle un document interne de 24 pages, et 10 chapitres, destiné à la formation des cadres administratifs, fut mis en application dans les premiers mois du califat autoproclamé.
Depuis longtemps déjà, les stratèges islamistes radicaux avaient repéré l’affaiblissement de certaines valeurs de l’occident et particulièrement en France la fragilité du principe républicain de laïcité.
Des quantités d’actions pouvant passer comme plus ou moins insignifiantes furent initiées, comme le port du foulard, prier dans les rues, ouvrir dans certains quartiers des commerces à des heures différentes pour les femmes et les hommes, des conducteurs de métro refusant la continuité de service, car le conducteur d’avant était une conductrice, donc le siège de la cabine de conduite était de fait devenu impur…
Dernièrement à Sciences-Po Paris, de jeunes musulmanes proposèrent à leurs camarades d’école femmes d’organiser un «Hijab Day », c’est-à-dire porter un foulard une journée pour, comme le dit une organisatrice : « mieux comprendre l’expérience de la stigmatisation vécue par de nombreuses femmes voilées en France ».
En fait beaucoup de ces actes sont autant de tests lancés pour jauger la capacité de notre république laïque à réagir. Il faut ajouter à cela une parfaite maîtrise de l’outil informatique et notamment du plus efficace des chevaux de Troie : Internet !
Il serait donc bien hasardeux, d’assurer que tout cela est exempt de toute manipulation. Il ne faut pas non plus tomber dans la théorie du complot.
Mais l’histoire est jalonnée de complots qui ne furent pas que théoriques.
En tout cas le front djihadiste est loin d’être cantonné aux seuls pays du monde arabe.
La stratégie de déstabilisation du monde occidental est aujourd’hui avérée. Les attentats en France, en Belgique et ailleurs en sont la démonstration sanglante.
Mais un autre front est également ouvert, c’est celui de la manipulation, puis de l’endoctrinement et du recrutement.
Cet endoctrinement de la jeunesse occidentale n’a pas comme but premier l’organisation d’attentats terroristes dans nos pays. Le but principal est le recrutement de sortes de Brigades internationales de combattants pour faire le djihad en Irak ou en Syrie, mais aussi pour créer du sang neuf dans ces pays, en voulant marier les jeunes femmes autochtones aux 30 000 djihadistes issus de nos banlieues.
Ce fait est important, car il donne une information sur les rapports avec les populations syriennes ou irakiennes, qui ne reconnaissent pas cette dictature, mais qui vivent sous le joug de la terreur.
Les familles ne souhaitent pas que leurs filles se marient avec ces intégristes locaux et encore moins avec des intégristes venus de Paris, Lyon, Bruxelles, Berlin, New York, etc… et de plus, souvent convertis. Cette réalité est intéressante, puisqu’elle a tendance à montrer qu’une des solutions locales pour combattre l’obscurantisme pourrait venir des peuples opprimés par cette organisation fasciste.
Pour parler du front de la manipulation et de la déstabilisation des institutions, il s’agit bien là, dans notre pays, de la tentative de mettre à mal les fondements mêmes de la République laïque, une et indivisible.
Cette attaque a d’ailleurs porté ses fruits puisque nous sommes là devant un sujet, que nombreux nous pensions réglé.
Elle a porté ses fruits puisque même chez quelques républicains laïques issus pour la plupart d’une certaine gauche bien pensante et, je le dis sans état d’âme et avec facilité puisque je suis de gauche moi-même et que je connais bien ce discours où on intellectualise avec délectation un amalgame provocateur, tendant à laisser penser que certains républicains laïques se fourvoieraient dans un laisser-aller d’intolérance, de perte d’humanisme, voir même de flirter avec les thèses de l’extrême droite.
En fait, pour eux, serait-il venu le temps d’une République ouverte, « tolérante », une République qui accepterait l’ostentation si celle-ci ne remet pas en question les fondements mêmes de la démocratie…
Enfin bref, ne serions-nous pas en train de revenir 116 ans en arrière, et de revoir un débat entre laïques séparatistes et laïques néo gallicans ?
Et donc la question se pose, et c’est le fond du sujet : pour combattre l’affaiblissement de la laïcité, faut-il mettre en œuvre une laïcité d’ouverture ou fixer une laïcité intransigeante ?
L’intransigeance est elle l’apanage d’une forme totalitaire ? La tolérance est elle l’apanage de la sagesse ?
Vous l’aurez compris, le sens global de cette réflexion, me place plus dans le camp d’une République laïque intransigeante, que dans celui d’une République plus « tolérante » et je mets tolérante entre guillemets.
Le mot tolérant bénéficie d’un nombre de synonymes très positifs, à l’exception d’un seul : « résigné » !
En effet, un même acte peut être un acte de tolérance, comme un acte de résignation, la différence se trouve dans la position du porteur de l’acte. En position de pouvoir l’acte est tolérant, en position de faiblesse il devient résignation. Le Marquis de Sade disait : « La tolérance est la vertu du faible ». C’est une dure sentence. La tolérance devrait être la vertu du Sage. Pourtant la sagesse serait aussi à ne pas tolérer l’intolérable. Pour être bien dans le bon sens du mot tolérance ne devrions-nous pas y accoler le mot « mutuelle » ? Liberté de Conscience et tolérance mutuelle. La réciprocité m’apparait fondamentale.
Nous pouvons trouver également derrière cette volonté d’ouverture un fourre-tout aux nombreux amalgames, une peur inconsciente, une sorte de pacte de non-agression, mais sans vouloir l’affirmer. Beaucoup savent pourtant la manipulation exercée par ces forces obscures, pour tenter d’imposer progressivement ces signes ostentatoires à des fins de prosélytisme caché. Pourtant de par leur position ils risquent de glisser vers une sorte de syndrome « Munichois ». Bien sûr un contexte différent, une époque différente, des curseurs qui ont bougé par rapport aux accords de Munich, signés par le Britannique Chamberlain, le français Daladier, et le dictateur Adolf Hitler, pour laisser ce dernier envahir les Sudètes, région de Tchécoslovaquie germanophone. Par peur de la guerre, par résignation, alors que la France, la Grande Bretagne et la Belgique avaient la capacité militaire de stopper le dictateur, ces dirigeants préférèrent négocier. Mais devaient-ils négocier avec l’intolérable ? En tout cas nous connaissons la suite qu’il en résultât, synthétisée par les 60 millions de morts de la dernière guerre mondiale.
En matière de laïcité, certaines institutions philanthropiques montrent un choix clairement intransigeant et sans stigmatisation. Aujourd’hui, ce débat est relancé par l’intégrisme musulman, il aurait pu l’être par tout autre intégrisme. L’obscurantisme couve son œuf partout où il peut le pondre.
D’ailleurs se pose la question du concordat de l’Alsace et de la Moselle. Région qui a gardé son régime concordataire puisque en 1905 l’Alsace était Allemande.
Dans cette affaire de laïcité, par laxisme, par l’abandon de certaines organisations qui avaient la vertu de faire prendre conscience de notre appartenance à une seule communauté, celle de la République (suppression du service militaire, suppression des écoles normales d’Instituteurs), par choix économique aussi, notre République a sa part de responsabilité dans cette perte de « sens »
Si nous, citoyens de tous bords politiques, de toutes croyances, de toutes origines, mais citoyens de la République, nous ne prenons pas conscience du danger que court la laïcité, si nous ne décidons pas tous ensemble d’ouvrir un front pour imposer la réaffirmation des valeurs fondamentales de la laïcité, nous serions alors à terme, complices, mais aussi victimes d’un recul sans précédent des idées issues des Lumières et de la reprise en main de la Nation par les dogmes quels qu’ils soient et qui dans l’histoire ont assombri des siècles d’existence humaine.