Le magasin aux vivres de la Marine de Bordeaux Bacalan
« Des Vivres de la Marine aux Vivres de l’Art :
Histoire d’un sauvetage et d’une résurrection »
Le Magasin aux vivres de la Marine a été construit à Bacalan, rue Achard, aujourd’hui place Victor Raulin, entre 1786 et 1789, sur les plans de l’architecte Joseph TEULÈRE.
Cet architecte est également connu pour ses travaux d’exhaussement du Phare de Cordouan. Il fut un spécialiste de construction navale, de cartographie, d’éclairage des phares et de la théorie hydraulique.
Le Magasins aux Vivres avait pour vocation d’assurer la fabrication, le conditionnement et le stockage des denrées destinées aux équipages de la Marine Royale.
En matière de vivres, et plus particulièrement de salaisons, la place de Bordeaux était dépendante de l’étranger, puisqu’on faisait venir les « chairs salées » d’Irlande.
Malgré la tentative en 1776 – 1777 de mettre sur pied une industrie française des salaisons, cette dépendance persista et fut surtout ressentie pendant la Guerre d’Indépendance américaine (1778 – 1783).
Aussi, après celle-ci, on décida de construire un vaste bâtiment pour abriter les Vivres de la Marine, avec notamment un atelier de salaison et une boucherie dans les pavillons, ainsi qu’un parc à bestiaux dans le bâtiment principal.
Le Magasin aux Vivres allait autrefois jusqu’à l’actuel bassin à flot à l’Ouest et à l’Est jusqu’à la Garonne qui passait alors au ras des murs.
Au XIXe siècle, cet ouvrage faisait de Bacalan le quartier de l’activité productrice et portuaire de Bordeaux.
En 1919, un incendie endommagea le Magasin aux Vivres, qui continua cependant à fonctionner jusqu’en 1973 pour servir de stockage d’archives de la Marine.
En 1980, il fut menacé de démolition. (Date de la mise en œuvre d’une action de sauvetage orchestrée par le Professeur ROUDIE, soutenue par le sénateur et Conseiller général du 1er canton Marc BŒUF, par Jean CAVIGNAC, Directeur adjoint des Archives départementales de la Gironde et Philippe DORTHE à l’époque Président des Recherches Archéologiques Girondines.).
Il est resté à l’abandon jusqu’à la mise à disposition des pavillons au sculpteur Jean-François BUISSON et l’achat du bâtiment principal par la société VALORBOIS (SCI « La Gabarre »). Dans ce laps de temps les fenêtres du bâtiment principal se sont cassées et les toitures délabrées. Les pavillons de la place Raulin se sont retrouvés en très mauvais état, l’un d’eux n’ayant plus de toiture.
Ce site, maintenant classé Monument Historique, fait partie de l’ensemble néo-classique de Bordeaux. Il est reconnu comme possédant un caractère architectural indéniable.
C’est en effet l’un des rares témoins d’une architecture publique du XVIIIème siècle liée à l’activité maritime d’un port dont l’histoire de la construction soit connue.
En 1980, « L’ASSOCIATION DES AMIS DE L’ANCIEN MAGASIN DES VIVRES DE LA MARINE DE BORDEAUX » s’est crée pour sensibiliser les pouvoirs publics et les habitants du quartier au sauvetage de ce monument de la fin du XVIIIème siècle, qui a joué un rôle important dans notre cité durant de nombreuses années. L’association officialisera sa création en déposant ses statuts à la Préfecture de la Gironde le 23 septembre 1986, sous le N° 15804. Le premier Président fut Jean CAVIGNAC, entouré de : Jean-Marie BEAUVAIS, Gérant de Société, Daniel GUYON, Architecte, Marie-Ange LAMATA-ARIGUEL, Architecte et Philippe DORTHE, Agent SNCF. Philippe DORTHE devint Président au décès de Jean CAVIGNAC dans les années 1990.
Sauvé de la destruction totale grâce à l’association, le Magasin a été inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques le 21 décembre 1984. Puis, il a été acheté par la Ville de Bordeaux à l’Etat suite à une délibération du Conseil municipal du 27 juillet 1987, dans le but d’utiliser le terrain pour y implanter une zone d’activité artisanale.
Toujours suite aux pressions de l’association, le bâtiment principal et les deux pavillons de la place Raulin ont changé de statut juridique en passant de monument « inscrit » à monument « classé » dans le cadre d’un arrêté ministériel du 22 mars 1991.
C’est à la fin des années 1990, que le bâtiment principal et le grand terrain ont été acheté à la Ville de Bordeaux par la SCI « la Gabarre », pour y installer une entreprise spécialisée dans les bois exotiques et précieux. (Délibération du Conseil municipal du 31 mars 1995 sous le N° 95/74).
Ce projet a marqué sans doute la fin de la lente agonie du monument.
Il restait maintenant à trouver une destination aux deux pavillons de la place Victor Raulin, toujours propriété de la Ville de Bordeaux.
Suite à une intervention en Conseil municipal de Philippe DORTHE, devenu entre temps Conseiller municipal de Bordeaux, le nouveau Maire Alain JUPPE organise une visite sur le site, ce qui le convainc de procéder à une mise hors d’eau provisoire du pavillon Sud, avec l’aide financière du Conseil général.
C’est bien plus tard que le sculpteur bordelais Jean-François BUISSON demande l’autorisation d’occuper les pavillons pour en faire ses ateliers. Il obtint gain de cause, investit les lieux couverts par un bail emphytéotique et propose le projet « LES VIVRES DE L’ART ». Ce projet ambitieux trouve l’adhésion de tous. Les partenaires s’entendent sur les interventions : La Ville propriétaire des lieux assure l’aménagement des abords, Le Conseil régional d’Aquitaine, l’Etat et l’Europe assurant le financement des premiers travaux de restauration.
Association des Amis de l’Ancien Magasin aux Vivres de la Marine de Bordeaux.