Discours pour les vœux 2024 de Monsieur Philippe DORTHE
Président du Grand Port Maritime de Bordeaux
30 janvier 2024
Monsieur le Préfet, Monsieur le Représentant de la Métropole et Administrateur du Port Cher Alexandre, Monsieur l’Adjoint au Maire, Conseiller départemental et également membre du Conseil de surveillance du Port, Cher Vincent, Monsieur le Directeur général. Mesdames et Messieurs les Représentants des institutions, particulièrement Patrick SEGUIN que je salue, Monsieur JEAN, nouveau Président du Conseil économique et social et environnemental régional et son directeur cher Wilfried. Et bien sûr tous ceux qui sont dans ce port, les chevilles ouvrières, c’est-à-dire tous nos salariés. Chers amis,
Ce sont mes derniers vœux en qualité de Président du Grand Port Maritime de Bordeaux, puisque je suis atteint par la limite d’âge, j’ai 67ans. Je ne peux plus me présenter à la présidence renouvelable en septembre, ces derniers vœux sont donc émouvants pour moi. Puisque, nous parlons d’âge, je remarque que nous sommes quand même dans un pays de paradoxes puisqu’à 67 ans, il faut quitter la présidence d’un Grand Port Maritime de l’État, mais d’autres instances très officielles accueillent pour siéger des personnalités de 87 ans. C’est certainement le génie français.
Dans ce mandat la réussite la plus importante pour moi, et je le dois beaucoup à Jean-Frédéric LAURENT, c’est d’avoir fait du Port de Bordeaux un véritable port de territoire.
Je crois que les amis élus peuvent en témoigner et d’ailleurs ils y travaillent aussi ardemment. C’était important car le Grand Port Maritime de Bordeaux n’a jamais pu trouver sa vraie place. Il est vrai qu’autrefois, il s’agissait d’un port autonome, il y avait des grilles le long des quais, le lien avec la ville était compliqué. Aujourd’hui, nous avons changé de logiciel. Maintenant, notre port est ouvert et nous travaillons en étroite collaboration avec les territoires. Nous le savons, le Port de Bordeaux amène beaucoup à l’économie régionale. C’est à peu près 800 millions d’euros, ce qui n’est pas négligeable.
Ce port de territoire, nous avons voulu lui faire changer de direction. Un port ne doit pas uniquement trouver sa puissance dans le tonnage, même si c’est important. Il doit trouver son existence dans une multiplicité d’activités, de techniques et d’actions. Et c’est ce que nous avons mis en œuvre.
Pour le tonnage, nous avons fait de gros efforts, nous avons investi plus de 20 millions d’euros pour remettre à niveau le terminal de Bassens, de manière à ce que les containers et le fret en général, le personnel et les bateaux puissent être accueillis au cœur d’un véritable outil digne de ce nom pour un Grand Port Maritime de France. Cher Alexandre Rubio, Maire de Bassens tu as suivi avec intérêt ces travaux.
Nous avons également souhaité développer l’activité navale et sur ce sujet, je sais que Vincent MAURIN en a été un acteur efficace.
Le Port de Bordeaux dans son histoire fut un grand port de construction navale. Autrefois, ici ont été construits des croiseurs et autres bateaux de guerre, mais aussi de grands paquebots.
On n’en est plus là aujourd’hui, mais il était important de redonner une dimension navale au Port de Bordeaux pour qu’il puisse être au top des technologies de demain, c’est-à-dire en particulier pour la maintenance, le refit et le rétrofit.
Nous sommes ici à quelques mètres d’un pôle de rétrofit, qui va être mis en œuvre, c’est-à-dire changer les motorisations des bateaux pour les passer de diesel électrique à l’électricité avec des batteries, ou avec des piles à combustible à hydrogène par exemple. Dans ce cadre nous avons refait nos outillages comme le slipway, qui est au Pôle naval Achard à côté de la Direction générale. Ici aux Bassins à flot, les formes de radoub 1 et 2. À Bassens, un travail formidable a été entrepris sur la forme 3 qui est une des plus grandes formes parmi les grandes formes de France. Cela nous permet aujourd’hui de répondre à toutes les demandes qui peuvent concerner l’entretien, les réparations, mais aussi des chantiers particuliers notamment, comme le démantèlement des bateaux.
Dans ce cadre nous avons gagné un marché important de la Marine Nationale pour déconstruire des grands bateaux de guerre. On a traité la Jeanne d’Arc, le Suffren. D’autres bateaux arrivent dans les semaines qui viennent.
Tout ça, c’est de l’emploi et les pôles navals, comme ici aux Bassins à flot, me tenaient particulièrement à cœur, car je me suis toujours battu pour remettre la valeur industrielle au cœur des centres-villes.
L’industrie, c’est la vie et c’est aussi des emplois à forte valeur ajoutée. Les ouvriers des chantiers navals, sont des techniciens qui ont des salaires nettement supérieurs au petit tertiaire, comme ces salariés qui répondent au téléphone dans les centres d’appels, cela est très important dans une ville qui est très chère. Et je suis très fier de ce côté-là parce que nous réinjectons l’emploi de grande qualité, à forte valeur ajoutée au cœur de notre ville. Jean-Frédéric a parlé aussi de toute la végétalisation que nous créons, oui, nous jouons le jeu avec la métropole et la ville.
Parlons de notre foncier, Isabelle MARTEL a connu ce sujet quand elle était Directrice Régionale des Finances Publiques, elle est toujours au port comme Présidente du comité d’audit. Son expertise nous rend des services très importants.
Nous avons optimisé notre foncier. Il n’y avait pas de politique foncière au port autrefois, c’était un peu la politique de l’immobilisme, il n’y avait pas de politique tarifaire non plus. Aujourd’hui il y en a, mais il y a aussi une politique de décision et de choix d’utiliser notre foncier disponible pour y installer des artisans, mais aussi des entreprises industrielles de grande qualité. Tu as parlé du Médoc, oui et on est en train d’y installer une grande entreprise industrielle justement pour faire des protéines de saumon de grande qualité et vertueuses. Donc le foncier a aussi un rôle très important dans le redémarrage du port.
Il nous restait la remise en œuvre du fluvial. Je dis la remise en œuvre parce que le Grand Port de Bordeaux a été un port fluvial pendant très longtemps. Il y avait à une époque pas si lointaine des péniches et des barges partout sur la Gironde, la Dordogne, la Garonne et le canal. C’était quelque chose d’exceptionnel.
Nous sommes en train de travailler pour remettre en œuvre le transport fluvial de fret industriel, à terme entre Agen, peut-être Toulouse et Bassens, pour faire venir notamment des matériaux pour la filière de l’économie circulaire. Dans un premier temps des pneus broyés, mais également des plastiques qui ont été requalifiés pour être transformés et réutilisés. Ces péniches repartiront à plein avec des matériaux non traités venus du Bordelais et de toute la Gironde. Ces allers-retours à plein fortifient le modèle économique. Au mois de mars, nous allons mettre en œuvre une opération expérimentale de transport entre Damazan et Bassens avec ce type de fret. Je tiens à remercier ma Vice-présidente Nicole PIZZAMIGLIA qui s’investit avec passion sur ce thème du transport fluvial.
D’ailleurs, ce transport industriel fluvial favorisera aussi un fret, de produits alimentaires de qualité, issus du Lot-et-Garonne.
La rentabilité économique sera assurée par une péréquation intelligente du transport industriel vers le transport des denrées. Ce transport de produits alimentaires sera lié à un réseau de livraison doux dit : « du dernier kilomètre ». Ainsi une flotte de vélos cargos et autres véhicules aux énergies vertueuses pourra livrer les unités de distributions.
Ce soir nous inaugurons le lancement du futur Port Center cette soirée mettra à l’honneur ce grand projet du port. Je remercie la présence du Directeur, du Président et de l’ancien Président du Port Center de Dunkerque. Ils nous aident beaucoup avec leurs bons conseils.
Le Port Center est un élément particulièrement important et notamment dans note prise de conscience du territoire puisque notre port souhaite avoir ce « sas » entre la « société civile » et la société portuaire.
C’est très important ; le Grand Port Maritime de Bordeaux, c’est votre port.
Bordeaux est un port de l’État. C’est un port de services public. D’ailleurs pendant le COVID nous l’avons montré avec des efforts que nous avons fait nuit et jour pour assurer le ravitaillement d’une société paralysée.
Pour le bilan avec là aussi des efforts considérables, nous avons un bilan d’exploitation dont nous pouvons être fiers, cher Jean-Frédéric.
Oui, tu peux être fier avec Renaud et tous nos agents du travail accompli. Mais malgré cela nous sommes en permanence « plombés » par des sujets que l’on ne maîtrise pas, notamment des dotations de l’État qui ne vont pas au bout du virement, alors qu’on nous le doit.
On travaille, afin d’avancer sur ce sujet et je remercie Monsieur le Préfet qui nous appuie. Mais il faut constamment, constamment, constamment, insister. Le contrat de plan État-Région nous préoccupe beaucoup, pour l’instant il nous paraît un peu faible en tous cas pas à la hauteur des enjeux du territoire régional. Il faut pousser pour que ce contrat de plan État-Région puisse se muscler un petit peu.
On n’a pas besoin de grand-chose en équivalent euros, on a besoin de 50 mètres de LGV. Ce n’est pas grand-chose 50 mètres de LGV. Je pense que l’on doit pouvoir les trouver. Mais on les veut en euros bien sûr, pas en rails.
Je voudrais conclure pour dire que l’importance des ports français au-delà de Bordeaux est capitale. Je ne sais pas si vous vous en rendez compte, mais avec ce qu’il se passe en Ukraine, avec ce qu’il se passe au Moyen-Orient, la crise va peut-être aller encore plus loin avec les États-Unis et l’Iran, avec la Chine, avec la Corée du Nord, avec peut-être un Président des États-Unis qui va arriver avec une vision très différente de celle du Président actuel.
Quand je vois ce schéma géopolitique, je pense à mes parents qui m’ont expliqué comment ont démarré les problèmes à partir des années 20 puis des années 30. Pour les plus anciens, vous connaissez la suite, moi, pour une fois, je ne suis pas assez vieux, je n’ai pas connu cette période, mais on me l’a raconté. Je pense que nous sommes dans cette montée des tensions internationales, mais cette inquiétude ne doit pas nous faire tomber dans le syndrome de Munich, bien au contraire il faut prendre à bras le corps nos responsabilités collectives et les ports de France sont des outils stratégiques extrêmement importants.
Les ports français représentent 450 millions de tonnes par an, DOM inclus. Anvers, c’est 380 millions tout seul. Il faut qu’absolument, pour reprendre et pour paraphraser notre Président de la République qui nous a fait un discours le Premier de l’an où il a martelé le mot réarmement : réarmer la Sécurité sociale, réarmer l’Éducation nationale, réarmer la culture, réarmer l’armée, alors Monsieur le Président, réarmons les ports. C’est vital pour notre pays, vital pour sa défense, vital pour l’emploi et grâce au foncier portuaire, vital pour le développement des activités et technologies vertueuses de demain.
Enfin, puisque c’est ma dernière allocution officielle, je conclurai en vous disant que j’ai été et je suis toujours très fier d’être le Président d’un Grand Port Maritime, composé de femmes et d’hommes que je connais bien. Je suis quasiment tous les jours au Port, je déjeune presque tous les jours à la cantine avec tout le monde.
Oui, je suis fier d’avoir découvert des femmes et des hommes amoureux de leur travail, mais aussi qui ont une compétence extraordinaire. On l’a vu quand ils sont intervenus sur certains bateaux, on l’a vu quand ils ont fait des travaux ici aux Bassins à flot. Le port, sans ses femmes et ses hommes, sans ses ouvriers, ses techniciens, ses administratifs, ses Officiers de port, ses marins, oui nous avons des marins avec des bateaux et des gros bateaux, nos dragues, Sans vous le port ne serait pas au niveau.
Vous êtes toutes et tous l’âme du Port. Sans vous, il n’y a rien. Et je voudrais vous dire à toutes et à tous, agents du Port, que je suis très fier d’être le Président de votre Grand Port de Bordeaux que vous représentez si bien. À toutes et à tous : bonne année.