A l’heure où le système économique est en train de se fissurer, de se laminer, de finir de tuer les plus modestes et de paupériser les classes moyennes, on continue aujourd’hui à développer une vision technocratique de la ville… Au lieu de revenir vers la vision plus humaniste qui nous manque depuis si longtemps.
La ville est-elle simplement un terrain de jeu pour têtes pensantes qui n’ont comme objectif que de se mesurer aux autres, dans une compétition dont l’obsolescence est démontrée tous les jours par cet effondrement du système ?
La ville ne doit elle pas être plutôt un lieu d’harmonie tourné vers le bien-être de ses habitants pour qu’ils puissent y trouver les services que le vingt et unième siècle doit pouvoir fournir à chacun et quelque soit sa condition.
Alors pourquoi 1 M, pourquoi pas 900 000 ou 1M2 ? Pour quelle lubie ?
Aujourd’hui, nos édiles ont du mal à gérer un foncier au coût exorbitant dû justement à une politique urbanistique libérale et spéculative voulue par ceux-là mêmes qui veulent maîtriser ce qu’ils ont maladroitement lâché il y a quelques années.
La ville doit retrouver la dimension du bon sens. Ce bon sens qui a fait que, depuis l’Antiquité, les villes étaient des lieux de vie où l’on travaillait, où l’on dormait et où l’on consommait.
Ces jours-ci, nous venons d’inaugurer une pépinière d’entreprises au cœur des Chartrons, où enfin, avec l’aval de tous, et de toutes opinions politiques, on a retrouvé au cœur d’un îlot ce triptyque du bon sens : du logements pour tous, des entreprises et des commerces.
Quels que soient les architectes, les urbanistes, les idéologues de la « restructuration » urbaine, aucun n’a complètement réussi le bien vivre dans les mégapoles millionnaires et les mégastructures qu’ils ont inventé et mis en œuvre. Pourquoi mettre constamment en avant la concentration urbaine ? Concentration = empilage. Empilage= asphyxie.
Oui, entre étalement urbain et concentration urbaine il y a une troisième voie : la multipolarité urbaine, intelligemment pensée, à progressivité et densité maîtrisée, associée à un réseau de transports en commun en site propre et à grande vitesse qui permettrait de connecter ces multipoles avec efficacité.
En fait, une construction urbaine comme une vision métaphorique d’un corps humain dont tous les organes vitaux sont reliés et irrigués par un réseau sanguin ultra performant.
Quand on écoute et que l’on regarde, on a l’impression que les « gouvernances » publiques d’aujourd’hui parce qu’elles ne veulent plus prendre leurs responsabilités, se défaussent en utilisant de plus en plus des outils, qui favorisent le privé, et justifient la concentration urbaine en se réfugiant derrière le développement durable.
Alors que la multipolarité maîtrisée assurerait un bien-être aux citoyennes et citoyens, mais imposerait aux « gouvernances » publiques de prendre leurs responsabilités sur la fiscalité, sur la maîtrise du foncier, sur la décision de mettre en œuvre des équipements publics certes coûteux mais nécessaires au bien vivre des populations… Cela s’appelle le « courage politique » !