Le radeau de la Méduse
En mai 2019, juste après les élections européennes, j’écrivais un édito titré « 6%, les socialistes du qui perd-gagne ». Déjà à cette époque, les amis et soutiens de Stéphane LE FOLL dénonçaient la stratégie de l’effacement prônée par Olivier FAURE premier secrétaire du Parti Socialiste.
À ce moment là l’effacement était derrière Raphaël GLUCKSMANN, un inconnu du grand public, qui après son élection l’est resté. Cette stratégie, vendue par la majorité du PS comme la quintessence de l’intelligence politique, qui devait nous sortir de l’ornière des 6% s’est terminée avec un score de 6%.
Evidemment nous les socialistes de l’opposition à Olivier FAURE n’avions pas compris que partir de 6% pour arriver à 6% était une victoire fulgurante de notre parti. Mais nous étions quand même abasourdis de voir la majorité du PS sauter au plafond, satisfaite sans doute de ne pas avoir reculé, avec un premier secrétaire fier et heureux de sa performance.
C’est fou comme la puissance manipulatoire d’un tout petit groupe peut laver les cerveaux d’une majorité.
Mon «syndrome de Cassandre » me faisait écrire alors : « C’est nous maintenant qui allons devoir frapper à la porte. Dans un premier temps pour les municipales à celle de Mr JADOT, qui va nous ouvrir bien sûr, mais en nous faisant déchausser et mettre les patins. Et le chapeau dans les deux mains comme un cache sexe, il faudra lui demander poliment et sans le froisser une alliance. Poli, il nous rappellera notre score de 6%. Puis bis repetita pour les régionales et les départementales.
Puis viendra le temps des Présidentielles… Alors là, espérons que nous aurons une championne ou un champion qui nous sortira de cette balade mortifère, mais si ça ne marchait pas, j’ai bien peur de voir se ré-ouvrir sur le marché des vides greniers politiques notre stand à 6% »
Pour les municipales, là où il y a eu accord avec les Verts, on a globalement vécu ce qui était à prévoir; des socialistes mal traités à qui on a concédé quelques délégations de deuxième rang.
Pour les régionales, la stratégie d’effacement fut un fiasco. L’exemple le plus frappant fut le score de la tête de liste en Île de France, tête de liste choisie par le binôme FAURE / HIDALGO.
En revanche les grandes régions socialistes comme, entre autres, la Nouvelle Aquitaine, et l’Occitanie, ont gardé largement leur majorité grâce aux personnalités de leur Président.e et à leur bilan et sans accord particulier.
Malgré ça rien n’y fait, la direction du PS continue inexorablement sur le chemin qui mène au précipice. Le déni se serait-il cristallisé dans les esprits de nos dirigeants ? J’ai bien peur que cela soit encore pire et cache un objectif beaucoup moins glorieux qu’un simple déni.
J’ai bien l’impression que depuis le congrès d’Aubervilliers se trame une sorte de machination particulièrement machiavélique, qui derrière des explications fumeuses, cache la volonté d’une escouade de faire du Parti Socialiste, « l’assurance vie » d’un petit nombre. Une sorte d’addition de petit « moi » qui asphyxie le « nous » collectif de l’idéal socialiste.
Aujourd’hui le machiavélisme s’affine encore plus en faisant croire à un retour d’un PS qui s’affirme en laissant de côté l’effacement et en envoyant une candidate choisi par OF, à savoir Anne HIDALGO Maire de Paris, (candidature qui sera ratifiée sans problème puisqu’il n’y aura pas de débat de fond dans un face à face loyal et public avec l’autre candidat déclaré Stéphane LE FOLL).
Il est vrai que lorsque l’on prend le temps d’écouter les interviews, de regarder les émissions, de lire les propositions de l’une et de l’autre, je comprends bien le refus d’Olivier FAURE et d’Anne HIDALGO de débattre face à Stéphane LE FOLL.
C’est là que le machiavélisme affiné peut triompher en laissant notre camarade Anne HIDALGO s’embourber dans une campagne qui ne décolle pas, ponctuée de sondages calamiteux. Il est vrai qu’il ne faut pas croire aux sondages, surtout quand ils sont mauvais. Quand ils sont bons on les aime car, dit-on, ils donnent une tendance… On connaît la petite musique.
En 44 ans de PS je n’ai jamais vu une direction du Parti confisquer notre démocratie interne de la sorte, avec mépris et sans même essayer de s’en cacher. Laisser croire aux militants qu’un face à face sur le fond donne une image de chamailleries nous mène dans une structuration de « pensée unique » et obère définitivement la possibilité à notre parti de redevenir le grand parti de l’espoir.
Nous sommes donc certainement arrivés à l’apogée de cette stratégie digne de Machiavel, admettre que notre candidate ne pourra pas convaincre et que l’effacement du PS redeviendra l’ultime solution pour faire gagner la gauche… Bravo quelle abnégation ! Le très proche avenir nous le dira.
Déjà on envoi quelques éclaireurs sur la place du village pour repérer le meilleur emplacement pour déballer notre stand à 6% au vide grenier politique qui va bientôt ouvrir.
Et notre premier secrétaire, toujours satisfait de lui-même, va mettre son beau costume, pour revenir frapper à la porte de Monsieur JADOT… Quel cauchemar !
L’intérêt de certains serait-il de faire du PS ce que fut le PRG. Certes il est plus facile de vendre nos 6% et d’assurer quelques places aux affidés du chef. C’est comme ça que notre Camarade Jean-Michel Baylet et nos amis radicaux ont pu survivre sur les accords avec le PS… c’est bien joué pour quelques uns, et c’est très dommageable pour nos fondamentaux et surtout pour nos concitoyens qui souffrent et n’ont plus que des choix médiocres pour tenter d’améliorer leur vie.
Au milieu de cette soupe insipide, je suis triste et malheureux de voir des ami.e.s qui ont dénoncé fortement cette dérive du parti et qui maintenant se retrouvent à suivre « le petit joueur de fluteau » qu’ils ont tant décrié.
En ce qui me concerne, je reste fidèle à Stéphane LE FOLL que je soutiens depuis le congrès d’Aubervilliers et qui n’a pas changé sa ligne.
Je trouve auprès de lui une force de convictions, des idées claires sur la sociale écologie, l’agro-écologie, la transition énergétique et la croissance sûre pour continuer à financer notre système social. Dans son livre programme « Renouer avec la France des lumières » on ressent bien la différence avec l’écologie politique portée par EELV. Formation politique, très divisée sur l’option : Croissance ou décroissance, division confirmée dans le score très serré de leurs candidats à la présidentielle.
Avec Stéphane LE FOLL nous ouvrons la voie de l’affirmation des idéaux socialistes, une voie difficile qui ne privilégie pas le confort d’une majorité partisane pour assurer sa place, une voie longue mais sûre, une voie qui ne mène pas au précipice, une voie qui nous fera renouer avec le peuple de France, la voie de l’Histoire alors que d’autres on choisi la voie de l’oubli.
Oui le chemin sera long, Stéphane le sait. Nous restons ancrés pour construire un navire puissant.
Notre direction a choisi le radeau de la méduse pour tenter de rejoindre le frêle esquif de JADOT, mais même les radeaux coulent et surtout par gros temps… Et le gros temps est devant nous.
Philippe Dorthe